Lorsqu’on contracte un crédit, le coût qui saute aux yeux, c’est bien sûr celui des intérêts. Mais il y a un autre poste de dépense, souvent sous-estimé, qui peut pourtant faire la différence sur votre budget à long terme : l’assurance emprunteur. Loin d’être accessoire, elle protège aussi bien l’établissement prêteur que vous et vos proches. Encore faut-il savoir bien la choisir. Et c’est là que le comparatif prend tout son sens.
Assurance emprunteur : un passage obligatoire ou un choix stratégique ?
Lorsque j’ai contracté mon premier prêt immobilier, le banquier m’a glissé l’offre d’assurance emprunteur dans le dossier, presque comme on ajoute un sachet de sucre dans un café. Ni vu, ni connu. Sauf que, contrairement au sucre, le coût pouvait grimper à plusieurs milliers d’euros sur toute la durée du prêt. Et là, le « détail » devient une vraie variable budgétaire.
En effet, si vous contractez un crédit immobilier, une assurance emprunteur vous sera (quasiment) systématiquement demandée. Elle couvre les risques de décès, d’invalidité, d’incapacité de travail et parfois la perte d’emploi. C’est une sécurité qui rassure les banques mais aussi votre famille. Elle n’est pas légalement obligatoire… mais essayez un peu d’obtenir un crédit immobilier sans !
Lorem Ipsum : Ce que les banques ne vous disent pas toujours
Souvent, lorsqu’on souscrit un crédit, la banque propose son propre contrat d’assurance groupe. Pratique, certes, mais rarement compétitif. Et pourtant, peu de consommateurs savent qu’ils peuvent refuser cette assurance et en choisir une autre, souvent moins chère et mieux adaptée à leur profil. C’est ce qu’on appelle la délégation d’assurance.
Grâce aux lois Lagarde, Hamon et Bourquin, vous avez désormais le droit :
- De choisir une assurance externe au moment de la signature du prêt (loi Lagarde)
- De changer d’assurance dans les 12 mois suivant la signature du prêt (loi Hamon)
- De résilier votre assurance chaque année à la date anniversaire du contrat (amendement Bourquin)
Mais attention : pour que la banque accepte l’assurance de votre choix, elle doit présenter un niveau de garantie équivalent à celui qu’elle proposait. C’est là que la comparaison devient indispensable.
Quels critères comparer pour choisir la bonne assurance emprunteur ?
Choisir une assurance emprunteur ne se résume pas à chercher la prime la moins chère. C’est important bien sûr, mais il faut aussi scruter attentivement ce qui se cache derrière les garanties. Voici les principaux critères à surveiller :
- Le coût total sur la durée du prêt : Méfiez-vous des tarifs mensuels très attractifs qui explosent sur 20 ou 25 ans. Utilisez le TAEA (Taux Annuel Effectif d’Assurance) pour comparer efficacement.
- Le type de tarification : Prime calculée sur le capital initial (fixe) ou restant dû (dégressif). La seconde est généralement plus avantageuse si vous comptez garder le crédit sur toute sa durée.
- Les garanties incluses : Décès, PTIA (Perte Totale et Irréversible d’Autonomie), IPT (Invalidité Permanente Totale), ITT (Incapacité Temporaire de Travail), voire chômage. Vérifiez les niveaux de couverture, les exclusions, les délais de carence et les franchises.
- Le mode d’indemnisation : Indemnitaire ou forfaitaire ? Le mode forfaitaire est souvent plus sécurisant, car il garantit un remboursement fixe, indépendamment de vos autres revenus.
- Les exclusions : Le diable est dans les détails… Certaines activités sportives, professions à risques ou antécédents médicaux peuvent faire l’objet d’exclusions partielles ou totales.
Lorsqu’un courtier me disait : « Faites attention au contrat qui semble trop beau pour être vrai », je pensais qu’il exagérait. Jusqu’à ce que je voie que certaines clauses rendaient l’assurance inefficace en cas de dépression légère ou d’arrêt de travail prolongé. Résultat : même « couvert », vous auriez pu ne pas être indemnisé. C’est un point capital.
Banques, assureurs ou comparateurs : vers qui se tourner ?
Comparaison n’est pas raison… sauf quand il s’agit d’assurance emprunteur. Vous pouvez passer par trois canaux :
- Votre banque : C’est le réflexe naturel. Sauf que dans l’immense majorité des cas, l’assurance de groupe proposée est moins compétitive et moins personnalisée.
- Les assureurs externes : De plus en plus d’acteurs spécialisés proposent des offres sur mesure, souvent à des tarifs agressifs, en particulier pour les profils jeunes et peu risqués.
- Les comparateurs en ligne : Ils vous permettent d’obtenir en quelques clics plusieurs devis, adaptés à votre profil. Pratique pour avoir une première idée du marché. Mais attention à bien lire les conditions derrière chaque contrat.
Personnellement, c’est en passant par un courtier indépendant que j’ai trouvé mon salut. Il a su me dénicher une offre deux fois moins chère que celle de ma banque, avec des garanties plus étendues. Comme quoi, investir un peu de temps dans la comparaison peut générer de sacrées économies…
Combien pouvez-vous vraiment économiser ?
C’est là que les choses deviennent intéressantes. Quelques chiffres :
- Crédit immobilier de 200 000 € sur 20 ans.
- Assurance groupe à 0,35 % du capital emprunté : coût total de 14 000 €.
- Assurance individuelle à 0,12 % : coût total de 4 800 €.
Soit une économie de… 9 200 €. Ce n’est pas anecdotique, surtout quand on sait que cet argent pourrait être placé, épargné, ou servir à amortir le crédit plus rapidement.
Et cela ne concerne pas uniquement les revenus aisés. Même un emprunt plus modeste, de 100 000 € sur 15 ans, peut bénéficier d’une réduction de 2 000 à 4 000 € sur le coût total de l’assurance, à condition de faire le bon choix.
Changer d’assurance emprunteur : mode d’emploi
Vous avez déjà un crédit en cours et vous pensez qu’il est trop tard ? Détrompez-vous. Grâce à l’amendement Bourquin, vous pouvez changer chaque année, à date anniversaire du contrat. L’essentiel est de respecter l’équivalence des garanties et de prévenir votre banque au bon moment (au moins 2 mois avant la date anniversaire).
Voici les étapes :
- Demandez à votre banque une fiche standardisée d’information (FSI) qui liste les garanties exigées.
- Comparez les offres sur cette base et choisissez-en une équivalente au minimum.
- Envoyez une demande de substitution à votre banque, accompagnée du nouveau contrat et de la FSI complétée.
- Si elle refuse sans justification valable liée à l’équivalence des garanties, elle est hors la loi.
Et bonne nouvelle : depuis juin 2022, avec la loi Lemoine, vous pouvez changer d’assurance emprunteur à tout moment, sans attendre la date anniversaire, et ce dès la première année. Une révolution qui mérite qu’on s’y penche.
Quelques pièges à éviter
Alléché par une prime ridicule, vous pourriez être tenté de signer sans lire. Grave erreur.
Voici quelques embûches courantes :
- Des exclusions trop larges (exemple : pathologies mentales, lombalgies, etc.), rendant la couverture inutile en pratique.
- Des franchises élevées : si l’assurance ne commence à couvrir qu’après 90 jours ou plus d’arrêt, vous pouvez vous retrouver sans protection temporaire.
- L’âge limite de couverture trop bas : certaines assurances cessent d’indemniser à 65 ans, alors que votre prêt se termine à 70…
Un conseil : ne vous fiez pas aux seuls chiffres. Lisez, relisez, demandez des explications. Et si vous doutez, faites appel à un professionnel indépendant pour décrypter chaque clause.
Le bon réflexe à avoir en 2024
Avec les taux remontés et l’étau budgétaire qui se resserre pour nombre de foyers, chaque euro compte. Or, changer ou optimiser son assurance emprunteur peut générer une économie immédiate et durable. C’est peut-être l’une des rares décisions financières où vous gardez encore la main après la signature du crédit.
Rappelez-vous : l’assurance emprunteur, c’est comme une ceinture de sécurité. Elle ne doit pas seulement être présente… elle doit être adaptée à votre taille, solide, et bien positionnée. Sinon, en cas de choc, elle ne servira à rien.
Alors, prêt à regarder d’un autre œil cette fameuse « assurance oubliée » ? Votre portefeuille pourrait bien vous remercier.


